Bonjour / Bonsoir
Le livre « Don Juan » de Molière et l’opéra « Don Giovanni » de Mozart sont deux adaptations du mythe du séducteur libertin qui défie Dieu et la morale. Ils présentent cependant des différences notables dans le traitement du personnage, du contexte historique et du dénouement. Voici quelques exemples :
- Le Don Juan de Molière est un athée qui se moque ouvertement de la religion et des dévots. Il n'hésite pas à blasphémer, à tromper son père et à se faire passer pour un hypocrite. Il est cynique, arrogant et méprisant envers les femmes qu'il séduit et abandonne. Le Don Giovanni de Mozart est plutôt un libertin qui ne se soucie pas des conséquences de ses actes. Il n'est pas en rébellion déclarée contre Dieu et la religion, mais il suit son plaisir sans scrupule. Il est charmeur, audacieux et généreux envers les femmes qu'il aime et qu'il quitte.
- Le Don Juan de Molière est situé dans l'Espagne du XVIIe siècle, une société très catholique et rigide où le pouvoir royal et l'Inquisition répriment toute contestation. Le personnage de Don Juan apparaît comme un rebelle qui défie l'ordre établi et qui incarne l'esprit critique des Lumières. Le Don Giovanni de Mozart est situé dans l'Italie du XVIIIe siècle, une société plus ouverte et cosmopolite où le pouvoir politique est fragmenté et où l'art et la culture se développent. Le personnage de Don Giovanni apparaît comme un héros romantique qui exprime sa liberté individuelle et qui incarne l'esprit sensuel du rococo.
- Le Don Juan de Molière a un dénouement tragique : il est foudroyé par la statue du Commandeur qu'il a tué en duel et qu'il a osé inviter à dîner. Il meurt sans se repentir ni demander pardon, fidèle à lui-même jusqu'au bout. Le Don Giovanni de Mozart a un dénouement burlesque : il est englouti par les flammes de l'enfer après avoir refusé de se repentir devant la statue du Commandeur qu'il a invitée à dîner. Il meurt en chantant et en riant, sans perdre son panache ni son humour.